Habituellement, les joueurs de football qui désirent rester dans le milieu après leur carrière deviennent entraîneurs, agents de joueurs ou directeurs sportifs. Fazli Kocabas, lui, a choisi la voie de l’arbitrage.
Agé de 30 ans, il vient de mettre un terme à sa carrière au plus haut niveau et évolue désormais à Grez-Doiceau, en première provinciale du Brabant. Il est le premier ex-joueur à bénéficier du « Enhanced Promotion Pathway », le parcours de formation accélérée proposé par le Département de l’Arbitrage Professionnel de l’Union belge de football.
Formé au RJ Wavre, Fazli Kocabas est arrivé au Standard de Liège à l’âge de 15 ans. Il y est resté cinq ans et a évolué jusqu’en U19 avant de tenter sa chance à Eupen. D’origine turque, il est ensuite passé par Erciyesspor et Adana Demirspor avant de revenir en Belgique. Il a porté les maillots de l’Union Saint-Gilloise, d’OH Louvain, de Walhain, de Roulers et de Virton, avec un passage par le Luxembourg (Hespérange).
Au total il a joué 21 matches de Jupiler Pro League, 162 matches de Proximus League et 15 matches de Super Lig turque.
UNE PORTE QUI S’OUVRE
« On peut considérer que, 30 ans, c’est jeune pour mettre un terme à sa carrière de joueur mais je ne considère pas les choses de cette façon », dit-il. « Ce n’est pas une porte qui se ferme mais une porte qui s’ouvre. Je cherchais quelque chose qui me permette de rester dans le monde du football tout en développant une autre activité professionnelle. J’entraîne également des jeunes à OHL, par exemple. J’en ai parlé avec mes proches qui m’ont dit que l’arbitrage conviendrait sans doute à mon caractère. Je suis quelqu’un de serein. Quand j’avais 12 ou 13 ans, il m’arrivait déjà d’arbitrer les matches de l’équipe de mon grand frère, à Wavre. Le terrain était juste derrière chez moi. »
Ce n’est d’ailleurs peut-être pas un adieu mais un au revoir car Kocabas espère que l’arbitrage lui permettra de revenir un jour au plus haut niveau belge. « En fait, je me lance dans cette nouvelle aventure avec le même état d’esprit que quand j’ai entamé ma carrière de joueur : aller le plus haut possible. »
S’il n’a pas de modèle d’arbitre particulier, Fazli Kocabas avoue qu’il préférait ceux qui dialoguaient. « Cela ne veut pas dire que les autres n’étaient pas bons mais quand un arbitre refuse systématiquement d’entendre les joueurs, la frustration ressort plus rapidement », dit-il. « Je suis cependant bien conscient aussi que l’arbitre ne doit pas passer 90 minutes à parler : il y a des choses qui ne se discutent pas. »
La réputation du joueur ne fait cependant pas partie des critères posés par l’Union belge, les principaux étant d’avoir été professionnel pendant au moins cinq ans, de ne pas avoir mis un terme à sa carrière depuis plus de trois ans et d’être âgé de 33 ans au maximum.
Manager du recrutement de l’arbitrage pour l’Association des Clubs Francophones de Football (ACFF), Alexandre Boucaut a été chargé de mettre en place le programme avec Kris Bellon, le directeur de l’arbitrage de Voetbal Vlaanderen.
« Je me suis inspiré de ce qui se faisait déjà en France, où Jérémy Stinat (ex-Grenoble) et Gaël Angoula (ex-Bastia) arbitrent respectivement en Ligue 1 et en Ligue 2 », dit Boucaut. « C’est un projet qui donne une image positive de l’arbitrage, qui offre une possibilité supplémentaire de reconversion aux joueurs et qui peut inspirer encore un peu plus les jeunes à se lancer dans ce sport qu’est l’arbitrage sans constituer un investissement énorme pour la fédération. »
FORMATION ACCÉLÉRÉE SANS BRÛLER LES ÉTAPES
A l’image de ce qui se fait dans les formations d’entraîneurs, les ex-joueurs professionnels bénéficieront d’une formation accélérée. « Mais ils devront passer par toutes les étapes du développement », souligne Alexandre Boucaut. « Suivre les cours, passer les examens, arbitrer des matches de jeunes et de provinciales… »
Leur sens du jeu et leur condition physique de base devraient cependant permettre à ceux qui sont réellement faits pour arbitrer de progresser plus rapidement. Comme ils ne seront pas attachés à une province, ils arbitreront également des matches de jeunes élites sur l’ensemble du territoire de l’ACFF. « On peut compter que là où le parcours classique d’un jeune arbitre pour arriver en D1 dure sept ans, il pourra se faire en trois ou quatre ans pour un ex-joueur pro », dit Boucaut.
Pendant trois ans, Kocabas devra donc investir dans sa nouvelle carrière. Par la suite, un arbitre de D1 peut gagner jusqu’à 8.000 euros par mois.