Zeljko Mijac est décédé lundi à Split à l'âge de 68 ans. "Il n'a pas marqué l'histoire du Standard", écrivait le Soir. Ce n'est pas faux. Pourtant, il a laissé un souvenir indélébile dans le coeur de tous ceux qui l'ont côtoyé à l'époque. Récit de ses trois mois et demi à la tête de l'équipe première.
17 septembre 1999. Le Standard s'incline 1-3 contre Charleroi. Sclessin gronde, on frôle l'émeute. Les Rouches, qui n'ont déjà terminé que onzièmes la saison dernière, affichent un bilan de 4 points sur 18.
Trois jours plus tard, Tomislav Ivic est nommé directeur technique et remplacé par son fidèle adjoint, Zeljko Mijac. Les fans sont sceptiques. Mijac n'a aucune expérience et on craint qu'il ne soit que la voix de son maître. "Je suis très reconnaissant envers M. Ivic, avec qui j'ai beaucoup appris. Je continuerai à lui demander conseil mais j'ai aussi mes idées", rassure Mijac lors de sa première conférence de presse. "Le Standard que vous verrez sur le terrain sera le Standard de Mijac."
Dès les premiers jours, à l'entraînement, des joueurs retrouvent le sourire. Lors du point presse du jeudi 23 septembre, à la veille du match à Mouscron, Mijac défie les journalistes: "Si nous gagnons, le point presse de lundi n'aura pas lieu dans mon bureau mais à la Maison du Péket, le restaurant de mon ami Djuro Sorgic, au centre-ville."
Le Standard s'impose 1-3 et Mijac tient sa promesse. Le lundi suivant, après la victoire contre Beveren, alors que les journalistes attendent à la porte de son bureau, il apparaît avec un grand sourire et dit: "On retourne au resto". Le tout dans un français impeccable puisqu'il a joué en France.
C'est devenu un rituel. Un peu par susperstition, beaucoup parce que Mijac est un homme d'une convivialité extrême. Au cours de ces "debriefings" du lundi, on parle beaucoup de foot mais on évoque aussi Split, sa ville, dont il parle avec des étoiles dans les yeux.
Mijac captive ses joueurs. Son jeu est plus audacieux que celui d'Ivic, dont les méthodes consistent avant tout à s'adapter à l'adversaire. Il est aussi attentif à chacun, Ceux qui jouent mais aussi ceux qui ne jouent pas. "Il m'a beaucoup aidé dans une période difficile", confie Philippe Florkin, alors espoir du Standard. Et c'est lui, voyant Daniel Van Buyten désespéré au poste d'arrière droit (quand il est arrivé de Charleroi en début de saison, c'était un médian offensif), le replace dans l'axe du jeu, en médian défensif ou en défenseur central
Le 12 décembre, à la trêve, le Standard version Mijac a pris 19 points sur 33. Et il reste sur dix points sur douze, avec un match contre Anderlecht dans le lot (0-0 à Sclessin). Le Standard se qualifie également en coupe de Belgique.
Mais dans l'ombre, Ivic rumine. Mijac est devenu trop populaire. Auprès de la presse, auprès des joueurs, auprès des supporters. Il pense que son fidèle adjoint lui a tourné le dos et il convainc Luciano D'Onofrio de nommer la paire Thissen-Depireux à la tête de l'équipe.
En apprenant la nouvelle, juste avant le réveillon du Nouvel An, Mijac est anéanti. Plus jamais il ne redeviendra entraîneur principal.
La paire Thissen-Depireux commence par 10 victoires d'affilées mais les deux hommes se disputent rapidement et Depireux claque la porte. Le Standard s'incline alors 6 fois de suite et termine à nouveau la saison à la onzième place.
A quelques jours de la finale de la coupe, Thissen est viré et remplacé par... Ivic. Les joueurs ne sont pas d'accord avec la tactique proposée et le Standard s'incline 4-1 face à Genk après une prestation d'une tristesse infinie.