Dejan Veljkovic, 51 ans, restera certes pour toujours le premier repenti de l'histoire judiciaire de notre pays. Mais pour tous ceux qui s'intéressent davantage au ballon rond qu'à l'indigeste Code Civil, il serait surtout l'inventeur de montages machiavéliques destinés en gros à enrichir très illégalement toutes les parties, sauf le fisc, donc l'Etat, lors de la conclusion de transferts et de contrats de joueurs de football, ou d'entraîneurs.
Il en serait à tel point l'auteur que le "système Veljkovic" porte même son nom.
Sauf que, dans une longue interview accordée à Guillaume Raedts, publiée dans La Meuse (https://cutt.ly/0YXSuy0), il dément formellement. Et affirme que système "Veljkovic" n’existe pas, mais a été inventé, et mis en place par les clubs eux mêmes.
"Ce sont eux qui ont le pouvoir", explique-t-il, "et qui par conséquent décident avec qui et comment ils entendent travailler. L'agent, qu'il s'appelle ou non Veljkovic, doit s'y plier, ou laisser la place à un autre. C'est comme ça..."
Et Dejan Veljkovic se serait donc plié à leur loi.
"Parce qu'un agent, s'il veut faire du business en première division belge, n'a pas d'autre choix que celui de jouer le jeu en prenant les risques", affirme-t-il.
"Oui, je suis coupable d’avoir fraudé", admet-il, "et je l'ai reconnu devant les enquêteurs de la justice. J'ai payé des joueurs et des coaches en noir. J’ai gagné 3,9 millions d’euros en noir. Mais ce n’est que 10 % de la somme totale. Le reste a été empoché par les dirigeants des clubs qui ont mis en place ce système depuis au moins dix ans. Pas moi, même si on a voulu me faire porter le chapeau. Je suis le bouc émissaire, et non l'instigateur..."
Et de détailler toutes sortes de malversations que les personnes concernées lui imputent, mais dont elles devront à leur tour un jour répondre devant la justice.
"AU STANDARD, LE PATRON, C'EST VENANZI, PAS MOI !"
Accusé par Bruno Venanzi d'avoir "magouillé" lors de l'engagement de l'entraîneur Aleksandar Jankovic, il interpelle: "c'est qui, le patron, au Standard ? Qui, selon vous, a fixé les conditions - une partie déclarée et une partie non déclarée - qu'il a acceptées, comme l'aurait fait n'importe quel autre entraîneur, tant lors de son arrivée, qu'à l'occasion de son départ ? Moi, là dedans, j'ai juste aidé. La décision a été prise par la direction (Venanzi, Olivier Renard, Daniel Van Buyten, l'avocat du club et de directeur financier) qui en a délibéré à part dans une autre pièce. J'ai d'ailleurs expliqué tout cela à la police"
Pour le moment tout le monde nie, mais cela n'empêche pas Veljkovic de pointer sa gâchette sur les principaux protagonistes de "l'affaire".
Qu'il s'agisse de Peter Maes, qui a touché deux millions d'euros en noir à Lokeren et à Genk, d'Ivan Leko, dont l'argent touché en Belgique a d'abord transité par la Croatie, ou d' Herman Van Holsbeeck, un gentleman, il l'avoue, mais qui s'est quand même bien servi,
AMERTUME
Dejan Veljkovic ne digère visiblement pas la diabolisation dont il fait l'objet de la part de gens qui lui sont à son avis redevables.
"Ils étaient tous contents de moi", raconte-t-il. "Et il y avait d'ailleurs de quoi. J’ai quasiment aidé tous les clubs belges. J'ai fait gagner près de dix millions à Malines. J’ai amené Milinkovic-Savic à Genk pour 800.000 euros, et il est reparti pour quinze millions un an plus tard. Sans moi, Milan Jovanovic ne serait jamais venu à Anderlecht. On me prenait partout dans les bras puis, à partir du 10 octobre 2018, le monde du football m’a pointé du doigt comme un criminel, en affirmant que les autres personnes du milieu n’avaient rien fait..."