On a joué au football ce samedi en Jupiler Pro League et on jouera encore ce dimanche. Pas le choix, sinon le calendrier va exploser.
La pression sur les arbitres est telle qu'ils n'osent plus remettre des matches même si la neige tombe à gros flocons et si, surtout, les températures négatives provoquent des plaques de verglas. Résultat: des rencontres faussées.
On remet des matches quand un club a sept cas de covid dans son noyau parce qu'on estime que l'obliger à jouer avec des jeunes changerait la donne mais on accepte que le foot se transforme en hockey sur glace pendant 90 minutes sans penser que cela a aussi une influence sur le résultat? Soyons sérieux!
On nous dira que le football est un sport d'hiver, ce qui est d'ailleurs tout à fait faux. Si le foot était un sport d'hiver, il figurerait au programme des Jeux Olympiques de Salt Lake City, pas à celui des J.O. de Tokyo. Et la coupe du monde se disputerait au pied du Kilimandjaro, pas au Qatar.
On nous dira aussi que les clubs de D1 doivent disposer d'une pelouse chauffée. Un point du règlement sur lequel la commission des licences a vraisemblablement décidé de fermer les yeux alors qu'on s'accroche à un autre point, vieux comme le foot et complètement obsolète: si la neige ne colle pas au ballon, on peut jouer. Obsolète parce qu'aujourd'hui, on fabrique des matières synthétiques suffisamment résistantes pour que la neige n'y colle pas. Mais les joueurs, eux, glissent toujours.
On nous rétorquera sans doute encore que ces gens sont grassement payés pour jouer et que des ouvriers vont bien travailler en extérieur alors qu'il gèle à pierre fendre. Nous sommes les premiers à défendre la thèse selon laquelle un professionnel bien préparé doit pouvoir disputer deux matches par semaine. Les joueurs eux-mêmes ne demandent pas mieux, ce sont plutôt les entraîneurs qui utilisent cet argument pour justifier d'éventuels passages à vide.
Mais face à la neige, le seul argument qui tienne la route est celui de la sécurité des joueurs. Au cours des dernières semaines, la commission de discipline a ergoté pendant des jours pour savoir si le tackle de Vanacken ou d'Agbadou mettait en cause l'intégrité physique de l'adversaire. La semaine suivante, pour exactement la même faute, De Ridder s'en tirait avec un carton jaune. Et on assistera au même scénario dès lundi suite à l'exclusion de Kemar Lawrence.
Si nous étions à la place de l'avocat d'Anderlecht, plutôt que de nous lancer dans un dialogue de sourds avec un procureur fédéral qui parle de choses qu'il ne connaît pas, comme l'intensité du tackle, nous reprendrions des images d'Ostende - Courtrai ou de Mouscron - Genk. Car là, il est manifeste que l'intégrité physique des acteurs était menacée. Pas celle d'un joueur mais celle de vingt-deux! Et pourtant, aucun barème de suspension n'est prévu pour les inconscients qui, en coulisses, décident qu'il faut jouer ces matches pour ne pas risquer de perdre le contrat Eleven.