Que celui qui n'a jamais eu une pensée anti quelque chose jette la première pierre à Noa Lang. Je pense, donc je suis... Mais si on n'est pas toujours totalement responsable de ce qu'on pense, on est responsable de ce qu'on dit.
Penser est une chose, réfléchir en est une autre. Dire publiquement ce qu'on pense, dans un contexte tout à fait inapproprié qui plus est, dénote d'un manque d'intelligence. En affirmant qu'il n'a voulu offenser personne, Noa Lang aggrave son cas: il démontre qu'il manque aussi d'éducation.
L'incident qui s'est produit jeudi soir lors de la fête du titre de Bruges soulève plusieurs questions.
Le Club Brugeois a-t-il eu la bonne attitude? La réponse est négative. En ne se distanciant pas publiquement des propos de son joueur et en déguisant en blessure son absence lors du match contre Genk, il cherche uniquement à protéger la valeur marchande et sportive de celui-ci.Bruges devrait prendre exemple sur Gand qui, en 2016, avait privé d'une partie de son salaire Benito Raman parce que celui-ci avait insulté... les Brugeois.
L'Union Belge était aussi intervenue dans cette affaire. Elle avait infligé trois matches de suspension (dont un ferme) à Raman.On nous rétorquera que, contrairement à Lang, celui-ci avait commis son méfait dans le stade même. Mais la fédération a également le devoir de protéger le produit football. A l'image de la fédération anglaise qui a infligé trois matches à Cavani pour avoir amicalement appelé un joueur "negrito". L'article 58 du Code disciplinaire de la FIFA stipule que "toute personne qui discrimine quelqu'un pour sa race, sa couleur, sa langue, ou son appartenance religieuse doit être suspendu pour minimum cinq rencontres. En outre, une interdiction de stade et une amende de 20.000 francs suisses (18.500 euros) peuvent être imposées."
De là à réclamer l'exclusion définitive de Noa Lang de notre championnat, il y a un pas. Tout le monde a droit à une deuxième chance, et plus encore lorsqu'il s'agit d'un jeune joueur.
La troisième question est peut-être la plus importante et s'adresse aux médias. Comment, à l'avenir, traiter Noa Lang? Car on parle bien ici du meilleur joueur actuel du championnat de Belgique.
Mais la sanction la plus symbolique qu'on pourrait lui infliger pourrait tomber ce soir, à l'occasion des Pro League Awards, dont il est l'un des nominés dans la catégorie du Footballeur Pro de l'Année.
Faut-il lui retirer ce trophée? Certainement pas! Ce serait une insulte au concours et aux votants. Mais les journalistes pourraient très bien décider de boycotter la cérémonie de remise du prix. En recevant son trophée sur la scène d'une salle déserte, caméras de télévision coupées,Lang mesurerait peut-être alors l'immensité du vide qu'il a créé autour de lui. Eleven Sports osera-t-il?
Patrice Sintzen
Rédacteur en chef Footnews.be
Le vote: Quelle suspension pour Lang?