C'était il y a 35 ans mais personne n'a oublié. Surtout pas les supporters de la Juventus qui, le 29 mai 1985, ont perdu 39 amis, parents, frère ou enfant dans le Drame du Heysel.
Ce soir-là, la Juventus affrontait Liverpool en finale de la Coupe d'Europe des Clubs Champions. Le stade était bondé: près de 60.000 supporters garnissaient ses travées bien trop vétustes. Beaucoup d'entre eux n'avaient pas payé.
Vers 19h20, lorsque les supporters anglais lançaient l'assaut sur le bloc Z, en principe réservé à des fans belges mais dans lequel beaucoup d'Italiens avaient pris place, la police était débordée mais elle bloquait l'accès au terrain.
Suite au mouvement de foule, des supporters étaient piétinés ou écrasés contre le mur de la tribune, qui s'effondrait sous la pression.
Tandis que les corps étaient évacués, l'UEFA décidait de maintenir le match pour éviter de nouvelles émeutes. La Juventus l'emportait 1-0 sur un penalty de Michel Platini qui célébrait son but comme si de rien n'était. "Ceux qui me reprochent cette joie n'ont jamais marqué un but de leur vie", disait-il à ceux qui le critiquaient.
Le bilan était lourd: 39 morts, 450 blessés. Le 28 avril 1989, 14 hooligans anglais étaient condamnés à trois ans de prison avec sursis pour la moitié. Albert Roosens, le président de l'Union belge, était condamné à 6 mois de prison avec sursis, tout comme le capitaine de gendarmerie Johan Mahieu. Un an plus tard, l'UEFA était déclarée civilement responsable et son secrétaire général Hans Baumgartner était condamné à trois mois de prison avec sursis.
Liverpool était interdit de toute participation à une compétition européenne durant 10 ans, une peine finalement réduite à 6 ans. Les clubs anglais étaient privés de coupe d'Europe pour 3 ans, sanction allongée à 5 ans après les débordements des hooligans anglais lors de l'Euro 1988 en Allemagne.