"Il n’a aucune légitimité, il n’est pas crédible comme président de la FIFA": c’est le tacle adressé par Michel Platini, ex-président de l’UEFA, à Gianni Infantino, président de la FIFA, selon des propos accordés à L’Equipe lundi.
"C’est un très bon juriste, un très bon secrétaire général, mais il n’a aucune légitimité, il n’est pas crédible comme président de la Fifa", lâche Platini qui a parlé à sept journaux européens, dont l’Equipe, qui publie des extraits sur son site internet.
"Il a vomi pendant dix ans sur la FIFA. Quand je dis vomi, j’en rajoute un peu, mais tout le monde sait qu’il critiquait tout le temps la FIFA, assure encore Platini. Comment peut-il venir promouvoir le football féminin alors qu’il s’en est toujours moqué ? Il n’y a jamais cru". "Ce n’est pas parce que tu as tiré les boules (lors des tirages au sort) que tu peux représenter la FIFA", assène encore Platini, dans un extrait publié par Le Monde sur ses réseaux sociaux.
Platini, ex-patron de l’UEFA, a été suspendu par la FIFA jusqu’en octobre 2019 pour violation du code d’éthique, pour avoir reçu 1,8 million d’euros de la part de l’ex-président de la Fédération internationale de football Sepp Blatter, en paiement d’un travail de conseiller sans contrat écrit.
"Quand (Infantino) a été nommé président, il a tout pour fait pour que je ne revienne pas. Il aurait pu faire lever la suspension du comité d’éthique – qu’il a lui-même nommé – à partir du moment où le parquet suisse m’a blanchi (en mai 2018). Comme par hasard, j’ai été suspendu quatre mois après son élection", insiste encore l’ex-triple Ballon d’Or.
L’ex-crack de la Juventus avait ainsi été privé de candidature à la présidence de la Fifa et c’est finalement Infantino, son N.2 à l’UEFA, qui avait été élu à la tête du football mondial en février 2016.
"Tout le monde a mis son coup de couteau"
"Mon histoire s’apparente aux Dix petits nègres d’Agatha Christie : tout le monde a mis son coup de couteau au moment où il fallait le mettre pour ne pas que je sois président, et il y a des liens entre les dix petits nègres", avance encore Platini. "Blatter (ex-président de la Fifa) a dit : tout le monde sauf Platini. Et donc son administration a voulu me tuer", accuse-t-il encore.
Sa suspension empêche l’ancien N.10 français de concourir de nouveau à l’élection à la présidence de la FIFA ce mercredi à Paris. Infantino est le seul candidat en lice et est donc assuré d’un deuxième mandat de quatre ans.
En octobre, après la levée de sa suspension, M. Platini veut "faire quelque chose dans le football". "Mais qui sait si la FIFA ne va pas trouver une loi qui dira que les gens bannis plus de trois ans ne peuvent plus se présenter à des fonctions. Cela ne m’étonnerait pas", ironise-t-il, avant de conclure : "Je veux être blanchi et que ceux qui m’ont fait du mal paient".
Platini a été entendu mi-mai par des enquêteurs parisiens à la suite de sa plainte pour "dénonciation calomnieuse" déposée fin 2018, son camp suspectant une fuite interne à la FIFA pour expliquer l’ouverture par la justice suisse en 2015 d’une enquête sur le fameux versement controversé.
Ce qui avait valu à Platini d’être placé sous le statut de témoin assisté en septembre 2015. La justice civile suisse l’a, depuis, mis "en l’état" hors de cause dans le cadre de ce paiement.