Wouter Vrancken, 45 ans, n'était donc pas sur le banc de Genk ce dimanche en début d'après-midi à la Cegeka Arena. Il était même très probablement "supporter" de son adversaire, La Gantoise, où Hein Vanhaezebrouck, 60 ans, achevait - brillamment - son deuxième mandat entamé en décembre 2020.
Vainqueur 0-1, "Heintje" a en effet offert un ticket pour le 2e tour préliminaire de la Conference League à... Wouter, son successeur.
Het Nieuwsblad (https://tinyurl.com/3txhhrum) explique comment on en est arrivé là.
À l'entame des play-offs, il avait déjà été décidé en interne à Gand que le contrat de Vanhaezebrouck qui se terminait, ne serait pas renouvelé.
Il était en effet temps de créer une nouvelle atmosphère et de se débarrasser d'un coach qui n'arrête pas de pointer un doigt accusateur envers à peu près tout le monde, avait décrété le (nouveau) propriétaire Sam Baro, bien décidé à convaincre Wouter Vrancken de revenir dans son ancien club.
Ce dernier a en effet été Buffalo (76 matches, 11 buts, 2 assists) de 2004 à 2006. Il est capable de travailler avec les jeunes, adepte d'un football attrayant et surtout, bien meilleur "people manager" que HVH.
Baro, psychologue d'entreprise de formation, estimait que le meilleur n'était pas tiré du noyau, très loin de là.
Avant même le début des play-offs, il a carrément téléphoné à Vrancken dans le plus grand secret, à l'insu de tout le monde.
Il est alors apparu qu'il ne serait pas trop difficile aux deux hommes d'accorder leurs violons en vue des futurs concerts à l'Arena Ghelamco.
De l'autre côté, à Genk, il se disait déjà pas mal de choses qui incitaient à supposer que les relations n'étaient pas, ou plus des meilleures entre Vrancken, le président Peter Croonen et le responsable du football Dimitri de Condé.
La première saison où le titre a été manqué de toute justesse à cause de Toby Alderweireld, s'était pourtant très bien déroulée. Mais en novembre déjà, le contrat à durée indéterminée de Vrancken avait été changé pour le bétonner jusqu'en 2026.
Il y avait en effet un peu trop de rumeurs de clubs intéressés qui circulaient à son propos, et la leçon du départ de Philippe Clement au profit du Club Bruges après le sacre de 2019 avait été retenue.
Mais la saison ne se déroule pas comme prévu. Genk est éliminé par Le Servette Genève au 2e tour préliminaire de la Ligue des Champions, par l'Olympiacos en Europa League, puis ne survit pas à la phase de poules de la Conference League (troisième du Groupe F), ni aux huitièmes de finale de la Croky Cup contre le KV Ostende, un club de deuxième division, vainqueur 3-1 après prolongations, et peine à se stabiliser dans le top 6.
Leurs discussions sur le football révèlent alors que Vrancken et De Condé ont déjà des points de vue différents. Sur les qualités de Tolu Arokodare, par exemple, l'équilibre au milieu de terrain ou l'intégration des jeunes.
Séduit par Baro
En février, après un 3 sur 15, la pression monte. Après le match contre le RWDM, gagné 3-1, mais après avoir éte mené dès la 2e minute, des mots durs du président Peter Croonen tombent dans le vestiaire. Trop durs, pense Vrancken.
L'entraîneur accepte mal les critiques, notamment parce que les ventes au mercato d'hiver de Daniel Munoz à Crystal Palace, et de Joseph Paintsil au LA Galaxy, n'ont pas été suffisamment prises en compte, selon lui.
Quelque chose saute aux yeux de Vrancken, qui ne se sent plus suffisamment soutenu.
C'est surtout après le premier contact avec Baro, peu de temps après, que l'idée qu'un départ serait préférable commence à le chatouiller. Il est particulièrement séduit par le projet que l'homme d'affaires a en tête pour lui.
Et lorsque, à la surprise générale, Het Laatste Nieuws annonce à l'issue de la compétition régulière, que le torchon brûle entre Vrancken et Genk, les dés sont jétés. La faucheuse va faire son oeuvre, même si à ce moment, la majorité du conseil d'administration de Genk ne veut pas encore entendre parler de divorce. D'autant que personne ne se doute encore que La Gantoise écoute aux portes pour suivre au plus près le déroulement de l'affaire.
Les play-offs commencent d'ailleurs plutôt bien, et après cette fructueuse récolte de 10 points sur 12, il ne semble pas y avoir de raison de changer d'attelage. Jusqu'à ce que De Condé soit informé par l'agent de Vrancken, qui n'a jamais pas fait part de ses frustrations à ses supérieurs, pas directement en tout cas, qu'il n'est en réalité plus très heureux à Genk.
Mais à Gand, Baro, par respect envers Hein Vanhaezebrouck, veut attendre la fin du championnat pour communiquer, et Vrancken se voit contraint de patienter. La nervosité est palpable à Genk, où le staff est de plus en plus méfiant envers la direction, et encore davantage lorsque Besnik Hasi annonce qu'il va quitter Malines. On apprendra par la suite que ni Genk, ni La Gantoise, n'ont entamé avec lui la moindre négociation.
Rien ne peut cependant longtemps rester secret en football, et Genk comprend assez rapidement que Vrancken va succéder à Vanhaezebrouck, avant d'en avoir la confirmation.
C'est alors que deux défaites, 4-0 et 0-3, contre le Club Bruges anéantissent les chances de remporter le titre, et que Vrancken perd de son crédit, étant même suspecté de sabotage par certains.
La débâcle, 4-1, au Cercle, qui suit, ne fait évidemment pas remonter la cote de l'entraîneur.
D'autant moins que le surlendemain, Het Belang van Limburg et Het Nieuwsblad rapportent que La Gantoise est intéressée par Vrancken.
Le président Croonen et De Condé rencontrent ses agents Le jour même.
Vrancken choisit le scénario B
Le scénario A consiste à crever l'abcès une fois pour toutes, et à se promettre d'aller de l'avant ensemble. Après tout, le contrat court jusqu'en 2026.
Le scénario B est un départ immédiat, d'autant plus qu'un match de barrage contre La Gantoise se profile comme un scénario probable.
Genk apprend au cours de la soirée que Vrancken préfère en finir.
La seule pierre d'achoppement est l'indemnité prévue dans son contrat.
Elle s'élève à deux millions d'euros. Un couteau à double tranchant. Les clubs intéressés doivent la payer, mais il en va de même pour Vrancken, en cas de départ anticipé.
Or La Gantoise n'est nullement disposée à payer cette somme à sa place.
L'administrateur délégué sortant Michel Louwagie doit donc encore négocier. Finalement, un accord est conclu, pour un montant nettement inférieur, et Vrancken peut se préparer à son prochain emploi.
Il sera présenté dans une dizaine de jours (tout comme le 'manager sports' Arnar Vidarsson).
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Le dernier montant en Serie A est connu, le point en Europe (https://www.footnews.be/news/421644/le-dernier-montant-en-serie-a-est-connu-le-point-en-europe).